Intérêt individuel

L’intérêt individuel est un des fondements de la coopération. Dans un système dans lequel les individus disposent de liberté, chacun cherche en effet à maximiser le sien. C’est un puissant moteur dans le choix d’une stratégie, même si ce n’est pas le seul.

La coopération part du constat que pour atteindre l’objectif de maximisation de son intérêt individuel, un agent rationnel a besoin des autres. Partant de là, en simplifiant, deux choix s’offrent à lui : tenter de profiter des autres en maximisant son intérêt à leurs dépens, ou coopérer avec eux, c’est-à-dire prendre en considération que les autres ont aussi des intérêts qu’ils défendent : en leur apportant son concours, l’individu escompte la réciproque. Au final, des boucles de rétroaction vertueuses s’enclenchent permettant au système de maximiser son utilité dans son ensemble, ce qui le rend plus performant que d’autres systèmes.

Néanmoins, des inégalités peuvent exister à l’intérieur du système, certains agents tirant mieux leur épingle du jeu que d’autres. Mais dans l’ensemble, la stratégie coopérative profite au groupe et le rend plus fort que d’autres groupes qui auraient choisi d’autres stratégies.

Coopération ou collaboration ?

Pourquoi ce blog s’appelle t-il Coopératique et non Collaboratique ? On retrouve dans coopération et collaboration deux mêmes notions : l’action et le collectif. Pourtant, les deux termes ne sont pas synonymes. Tout d’abord, la racine n’est pas la même. Collaborer vient du latin “laborare” qui signifie “travailler, peiner” ; coopérer vient de “opera” qui signifie “travail, activité”. Ce terme n’a donc pas la même connotation de pénibilité.

Ensuite, ce n’est pas pour rien si dans l’entreprise on parle d’ordinaire de ses “collaborateurs” et pas de “coopérants”. Pourquoi ? Parce que la collaboration n’entend pas nécessairement le désir individuel de participer à une oeuvre commune, alors que ce désir est beaucoup plus présent dans la coopération. La collaboration se réalise surtout au sein d’une structure, d’un plan d’ensemble, ce qui n’est pas nécessaire en coopération.

Au final, la coopération suppose la libre participation d’individus à une oeuvre commune, parce qu’ils y trouvent un intérêt individuel. Elle se distingue surtout par le fait que le coopérant est donc moteur, initiateur, apporteur de créativité. Elle met en avant, beaucoup plus que la collaboration, les notions de réseau interpersonnel et d’auto-organisation.

Co-création

La co-création est l’action pour une entreprise de créer, en coopération avec ses partenaires ou ses clients :

  • un produit ou un service
  • une campagne marketing
  • de nouveaux concepts

La co-création est surtout visible au moment de l’innovation. Lorsque la Caisse d’Epargne donne carte blanche aux jeunes de 16 à 25 ans pour créer un nouveau visuel de carte de crédit, on voit clairement la co-création à l’oeuvre : la marque organise le concours, met à disposition les outils de vote, et les jeunes de leur côté mettent en ligne leurs contributions ; au final, on a un produit nouveau : une carte de crédit au design inédit.

Mais la co-création peut aussi être consubstantielle à l’offre de valeur de l’entreprise, non pas au moment ponctuel de l’innovation, mais en permanence. Dans le cas d’Ikéa, par exemple, le consommateur co-construit en permanence l’offre de la chaîne de magasins, en allant chercher lui-même ses produits dans les stocks, en prenant en charge le transport, permettant ainsi des prix plus bas. Même chose pour Amazon : les recommandations et commentaires des internautes sont un des différenciants majeurs du site. Si Amazon a été largement copié, il n’a eu de cesse de perfectionner son modèle, avec par exemple les communautés de lecteurs passionnés par un thème. Les internautes sont intimement impliqués dans la création de l’offre d’Amazon, et le site ne serait pas le même sans leurs apports.

Les limites de la co-création se situent dans la disponibilité des internautes et dans leur rétribution de leur travail. Participer à une action de co-création prend du temps, et encore faut-il en avoir. Il importe que l’entreprise prépare suffisamment le terrain, car il est très difficile pour un consommateur de répondre à la question : “que souhaitez-vous ?” Il est souvent plus efficace de le faire réagir à des propositions, sous la forme de questionnaires, comme le fait, entre autres, la Fabrique RATP. Enfin se pose la question de la rétribution. Dans la co-création, le consommateur apporte sa créativité, voire son travail, et il est légitime que l’entreprise le récompense d’une manière ou d’une autre : concours à lots, participation à des événements, reconnaissances honorifiques, etc.