J’ai pu assister il y a quelque temps à une présentation intéressante du livre de Bénédicte Haubold, Le narcissisme des dirigeants, par l’auteure elle-même. Elle a interviewé des cadres, managers, chefs d’entreprises, pour cerner le rôle du narcissisme dans le leadership. Ce qu’il en ressort, entre autres, c’est qu’il en va du narcissisme comme du cholestérol : il y a le bon et le mauvais. C’est une force présente en chacun de nous, qui révèle que nous nous intéressons à l’image que nous produisons sur autrui. En ce sens, il prouve que nous nous intéressons à lui. Il est aussi synonyme d’amour propre. L’amour de soi est bien une force. Là ou le narcissisme dégénère, c’est lorsqu’il nous coupe de la réalité, lorsque nous ne nous intéressons plus à l’image que nous produisons sur autrui que pour nous-mêmes. Dans le cas du dirigeant, ce narcissisme pathologique peut avoir des conséquences graves sur l’entreprise.
L’auteur a terminé sa présentation en mentionnant quelques gardes-fous : le Narcisse d’entreprise a intérêt à s’éloigner de temps en temps de la fontaine où il se mire pour aller rencontrer des personnes hors de sa sphère habituelle : des journalistes, des artistes, des écrivains, des chercheurs. L’ironie, c’est que l’on compte parmi eux nombre de “fortes personnalités”, comme on dit. La guerre des Narcisses aura bien lieu…