Encyclopédies collaboratives : vers une convergence des modèles ?

Alors que Wikipédia continue de règner en maître sur le secteur des encyclopédies collaboratives, ce règne n’est plus sans partage, depuis plusieurs mois. D’autres initiatives sont apparues, comme Citizendium, dont j’ai participé au lancement, et plus récemment Knol. D’une certaine façon, ces nouveaux entrants, en n’arrivant pas à concurrencer de manière importante Wikipédia, ont confirmé le modèle de cette dernière. Plusieurs raisons expliquent cette prééminence :

  • l’avantage de l’expérience et la capitalisation d’années de contenu
  • une excellente indexation par Google
  • une très bonne couverture médiatique (à laquelle j’ai en partie contribué :-))
  • le côté très ludique et plaisant du projet

A mon sens, c’est ce dernier aspect qui continue à donner une longueur d’avance à Wikipédia. Aucun autre projet n’a réussi jusqu’à présent à créer un engouement et un sens de la communauté avec cette intensité.

Ce qui me paraît intéressant, c’est que l’on est en train de sortir, me semble t-il, des oppositions idéologiques entre les tenants des différentes approches de l’encyclopédie en ligne. Alors que Britannica s’ouvre à la contribution des internautes, Jimmy Wales évoque directement la possibilité d’une modération sur certains articles édités par des utilisateurs non enregistrés (flagged revisions).

La production et le partage des connaissances sur des wikis restent décidément un sujet passionnant. L’article de Larry Sanger à ce sujet liste toute une série de raisons pour cela et constitue une base de réflexion et de discussion intéressante.

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2 thoughts on “Encyclopédies collaboratives : vers une convergence des modèles ?

  1. Une autre raison non négligeable que tu as oublié de citer. Les valeurs sur lesquelles s’appuient le projet. Valeurs de partage (à travers la licence libre – Google ne s’est pas clairement positionné), valeurs d’ouverture (qui permet à tout un chacun de se sentir le bienvenu, quelque soit sa religion, son age, ses diplomes… contrairement à Citizendium qui se veut beaucoup plus élitiste), valeurs de neutralité (aucun jugement n’est porté, on se contente de décrire).
    La vision qui anime la communauté n’est certes pas connu de tous les lecteurs, ni même de tous les contributeurs, mais elle porte le projet à travers tous les habitués. Il existe entre les contributeurs et le projet, une sorte de contrat social, qui permet l’émergence d’une intelligence collective. C’est l’existence de ces valeurs et de ce contrat social qui sont en grande partie à l’origine du succès du projet.

  2. En effet, les raisons que tu évoques sont fondamentales. Le fait de pouvoir discuter son propre modèle, ouvertement comme l’a fait Jimbo sur la page de discussion consacrée aux flagged revisions, est aussi un signe d’intelligence.

    En définitive, chaque projet a sa propre personnalité. Britannica met l’accent sur l’excellence académique comme gage de qualité, Wikipédia repose sur les valeurs que tu cites avec la primeur à l’intelligence collective, Citizendium a recherché, me semble t-il, une manière d’associer les deux. Je suis plus circonspect concernant Knol : ce projet saura t-il mobiliser ? Google ne l’abandonnera t-il pas en cours de route ?

    Quoi qu’il en soit, je me réjouis de cette diversité qui permet à chacun, selon ses affinités et son style personnel, de contribuer à l’élaboration et à la diffusion de la connaissance.

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